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La Légende de l'orage et de la Grêle

La pluie, quand elle tombe fine et drue, c'est bon pour les récoltes. Quand
elle tombe fine, assure un diction, aucune goutte n'est perdue. Il arrive
même qu'il pleuve alors qu'il fait soleil, en ce cas on dit bizarrement que le diable bat sa femme. Mais quand la pluie s'emballe, persiste, devient
orage ou grêle, c'est une autre affaire... On s'adresse encore une fois à la
Vierge ou à des saints spécialisés pour éviter les grêlons dévastateurs ou
les méfaits de la foudre. Si le tonnerre (le tambour des limaces
comme on l'appelait à Toulon) est considéré comme un avertissement du Bon Dieu,
l'éclair est l'œuvre du diable. Quand l'orage grondait et que de gros nuages noirs montaient à l'horizon, on sonnait le tocsin pour inviter les paysans à se mettre à l'abri et,peut-
être, intimider le ciel menaçant.
Dans les fermes, les femmes allumaient le cierge de cire verte acheté à cet
effet à la Chandeleur. On jetait dans l'âtre quelques grains de blé de la Sainte-
Barbe, on récitait des prières adressées à cette sainte protectrice, patronne des artilleurs et des artificiers.
Certains prêtres avaient le pouvoir de conjurer les orages et la grêle par des prières, de donner l'ordre à l'orage de porter ailleurs ses méfaits et même utilisaient la manière forte en lançant un de
leurs souliers dans latourmente pour l'effrayer... Des sorciers ou de vieilles personnes expertesen «
esconjuration» pratiquaient aussi ces opérations antigrêle.Toutefois, ces interventions manquaient de charité, puisqu'elles détournaient l'orage chez le voisin! Une légende racontée par Louis
Henseling dans ses Zigzags dans le Var illustre bien ce dilemme.
Les habitants de Saint-Paul-en-Forêt, à quelques huit kilomètres de
Fayence avaient l'habitude de détourner la grêle de leurs cultures par
l'intercession de leur patron saint Paul. Mais celle-ci se déversait sur le
territoire de Fayence. Les Fayençois excédés décidèrent d'aller enlever la statue miraculeuse du saint et de la transporter chez eux. De solides gaillards armés de gourdins marchèrent sur Saint-
Paul et s'emparèrent facilement par surprise de la statue convoitée. Mais au retour, un terrible
orage s'abattit sur eux et un ruisseau en crue leur barra la route. Saint Paul manifestait ainsi sa volonté de rester dans sa chapelle et les Fayençois apeurés retournèrent mettre en place la statue dérobée.